Les repas en silence

Le Maître nous invite à une pratique spirituelle de l’acte de manger. Le « Hrani yoga » ou yoga de la nutrition consiste à faire silence, à ne pas heurter les objets, à diriger notre attention sur la nourriture, à la considérer avec respect et reconnaissance comme un don d’amour que nous fait le Créateur.
Cette attitude développe de nouvelles facultés mentales et affectives de concentration, de maîtrise et d’intuition.

L’ambiance des repas influence notre système nerveux.
À l’heure actuelle, les gens désaxés par une vie trépidante cherchent des moyens pour retrouver leur équilibre et ils font du yoga, du zen, de la méditation “transcendantale”, ou bien ils vont apprendre à se relaxer. Je ne dis pas que ce n’est pas une bonne chose, mais j’ai trouvé un exercice plus simple et plus efficace : apprendre à manger !
Quand on mange n’importe comment, dans le bruit, la nervosité, la précipitation, les discussions, à quoi ça sert d’aller ensuite méditer ou faire du yoga ?  Quelle comédie… Pourquoi ne pas voir que chaque jour, deux ou trois fois par jour, nous avons tous l’occasion de faire un exercice de détente, de concentration, d’harmonisation de toutes nos cellules ?
Observez-vous : quand vous avez mangé dans un état d’agitation, de colère, de révolte, c’est toute la journée ensuite que vous vous manifestez avec aigreur, nervosité, partialité, et si vous avez des problèmes difficiles à résoudre, la balance penche toujours du côté négatif. Vous essayez ensuite de vous justifier en disant “qu’est-ce que tu veux, mon vieux, je n’y peux rien, je suis nerveux”, et pour vous calmer vous prenez des médicaments, ce qui ne sert pas à grand-chose. Pour améliorer l’état de votre système nerveux, apprenez à manger.
Izvor n° 204, chap. II
Les repas, une école d’intelligence et de délicatesse
Voulez-vous développer votre intelligence ?… Eh bien, vous en avez l’occasion chaque fois que vous voulez vous servir des objets qui sont sur la table. Essayez de les prendre et de les poser sans les heurter, sans rien bousculer à côté : c’est là un bon exercice d’attention, de prévoyance. Quand je vois comment les gens heurtent leurs couverts ou les laissent tomber, je sais déjà les défauts de leur intelligence. Ils ont beau être diplômés de plusieurs universités, je trouve qu’ils ont encore de grandes lacunes.
… On veut supposons déplacer un verre, mais on n’a pas vu à quelle distance il était, devant ou derrière un autre objet, et toc ! on le heurte. C’est un tout petit détail, mais il révèle un défaut qui va se manifester en beaucoup plus grand dans la vie. Ces petites maladresses pendant les repas annoncent que, dans la vie courante, certains feront beaucoup de dégâts. Elles sont l’indice qu’il leur manque une certaine attention intérieure, et on peut voir déjà sur une petite échelle ce qu’ils feront dans les événements importants de l’existence : comment ils parleront et agiront sans attention, en bousculant les autres, en les heurtant, et ils mettront des années à réparer leurs gaffes et à souffrir.
Izvor n° 204, chap. II
 
Communier avec la nourriture
Communier, c’est faire un échange : vous donnez une chose et vous en recevez une autre. Vous direz qu’en mangeant vous ne faites que prendre la nourriture. C’est une erreur, vous lui donnez aussi quelque chose. Si vous ne le faites pas, ce n’est pas une véritable communion.
La véritable communion est un échange divin. L’hostie vous apporte ses bénédictions et si vous la prenez sans lui donner l’amour et le respect nécessaires, ce n’est pas une communion mais un acte malhonnête. Quand on prend, on doit donner. À l’hostie vous donnez votre respect, votre amour, votre foi, et elle, en échange, vous donne les éléments divins qu’elle possède. Ce n’est pas l’objet lui-même qui agit sur nous, mais la confiance et l’amour que nous lui donnons à cause de ce qu’il représente.
C’est cette même attitude qu’on doit avoir à l’égard de la nourriture. Déjà lorsque vous préparez votre repas, pensez à toucher les aliments en les imprégnant de votre amour. Parlez-leur, dites : « Vous qui portez la vie de Dieu, je vous aime, je vous apprécie, je sais la richesse que vous possédez. J’ai toute une famille à nourrir, des milliards d’habitants en moi ; alors soyez gentils, donnez-leur cette vie. »
Si vous vous habituez à parler ainsi à la nourriture, elle se transformera en vous en énergies non seulement physiques, mais aussi psychiques et spirituelles, car vous aurez su communier avec la nature elle-même, qui est l’œuvre de Dieu. Lorsque vous êtes conscient que Dieu a mis sa vie dans la nourriture, au moment où vous allez manger, vous êtes comme le prêtre qui bénit le pain et le vin, et chaque jour, à chaque repas, vous recevez la vie divine.
Synopsis n° 2, partie VI « En esprit et en vérité », 2, III
 
En évitant de manger à satiété, on renforce son corps éthérique
Si vous terminez toujours vos repas rassasié, repu, vous allez vous alourdir, devenir somnolent, et vous n’aurez plus aucun élan vers la perfection. Tandis que si vous sortez de table avec un léger appétit, en ayant refusé les quelques petites bouchées dont vous aviez encore envie, le corps éthérique reçoit une impulsion pour aller chercher dans les régions supérieures des éléments qui combleront le vide ainsi laissé. Et quelques minutes plus tard, non seulement vous n’avez plus faim, mais vous vous sentez plus léger, plus capable de travailler, parce que ces éléments que le corps éthérique est allé chercher dans l’espace sont justement d’une qualité supérieure. Si vous mangez à satiété et même au-delà de vos besoins, par plaisir de manger comme le font tant de gens, vous ne serez en réalité jamais rassasié et vous allez provoquer en vous un déséquilibre.
Collection Izvor n° 204, chap. VI
 
Une répartition fraternelle de la nourriture dans le monde
Une réflexion sur la répartition des richesses doit commencer par une réflexion sur la répartition de la nourriture. En accumulant plus qu’il n’est nécessaire, on prend ce qui était destiné aux autres, et si beaucoup en font autant, certains ayant trop et d’autres pas assez, il s’ensuit un déséquilibre dans le monde.
La plupart des conflits ont pour origine la convoitise, l’avidité, le manque de mesure de ceux qui accumulent des richesses : nourritures, mais aussi terrains et objets dont les autres sont privés. Il est temps que la conscience collective s’éveille pour comprendre et prévoir les conséquences éloignées, les perturbations que ces tendances peuvent provoquer.
Ce besoin de prendre, d’absorber plus qu’on n’en a réellement besoin, pousse les êtres à asservir les autres, et même à les supprimer à la moindre résistance ou opposition. Même minuscule, c’est là le point de départ de grandes catastrophes.
C’est donc très tôt qu’il faut maîtriser cet instinct, en s’efforçant de régler d’abord la question de la nourriture : ne pas accumuler, donner ce qu’on a en trop et manger avec modération. Sinon, on devient comme ces richards qui ont le besoin maladif de tout accaparer. Ils vivent dans l’opulence, mais leurs ambitions et leurs convoitises sont tellement gigantesques qu’ils cherchent à engloutir le monde entier. Oui, il faut apprendre à garder la mesure lorsque vous mangez, car c’est là une question qui va beaucoup plus loin que le seul domaine de la nutrition.
Synopsis n° 2, partie IV, 5