Par suite de faits divers dramatiques relayés par les médias, provoquant une vive émotion publique, une commission d’enquête parlementaire enregistra le 22 décembre 1995 à la présidence de l’Assemblée nationale un rapport sur « Les sectes en France » 1. Ce rapport, qui s’appuyait ouvertement sur les enquêtes de terrain des Renseignements généraux, établissait une liste alphabétique de 173 « sectes » présentes en France, et décrivait en quelques mots ou phrases les caractéristiques, croyances ou activités de chacune d’elles.
L’association Fraternité blanche universelle y était répertoriée et décrite par les Renseignements Généraux (renommés depuis DCRI) comme « un mouvement spirituel initiatique proposant un ésotérisme syncrétique, fondé sur l’identification avec les forces christique et solaire, les lois du karma et la galvanoplastie spirituelle. »
L’association, qui n’était pas consultée, a pu reconnaître dans cette définition quelques thèmes épars de la pensée d’Omraam Mikhaël Aïvanhov, mais non la cohérence de sa vision du monde et de son enseignement.
Entre 1995 et 2005, le monde avait considérablement changé, la révolution numérique avait eu lieu, ainsi que bien d’autres bouleversements géopolitiques.
Désormais, après 2001 tout ce qui est idées, culture, informations, opinions, circule, traverse les frontières, s’échange et s’interpénètre à très grande vitesse par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Les représentants des peuples, les gouvernants eux-mêmes sentent combien les mentalités et les mœurs évoluent rapidement. L’opinion mondiale s’intéresse aux « nouveaux courants religieux » et leurs détracteurs de naguère sont obligés de nuancer peu à peu leurs points de vue.
Le Point du 23 juin 2005 cite une phrase de M. Gilles Bottine, secrétaire général de la Miviludes : « Au moment de sa publication, dit-il, la liste de 1995 était déjà une liste obsolète. 6 » Peu après, le 27 juin 2005, MM. Fenech et Brard de la Miviludes, et M. Vuilque, publient dans un communiqué : « En réalité, la question que pose cette circulaire [Raffarin, cf. plus loin*] est celle du vieillissement des informations collectées en 1995 et 1999 » 7.
En 2007, Yves Bertrand, qui a été directeur central des Renseignements généraux de 1992 à 2004, s’exprime sur la contribution de cette administration au rapport de la commission d’enquête parlementaire de 1995. Il écrit que c’est « un rapport très dur » ; que le travail effectué pour éclairer les parlementaires « a incontestablement vieilli » ; que « certains mouvements, à côté de sectes authentiques et dangereuses pratiquant la déscolarisation des enfants, l’abus de faiblesse voire la pédophilie […], se sont vu un peu trop vite affubler du vocable de secte » ; qu’on a le droit de critiquer [certains mouvements] sans « pour autant les transformer en diables » ; et que « à placer sur le même plan certaines sociétés de pensée et d’authentiques mouvements sectaires qui aliènent la liberté de leurs membres, on aboutit à l’inverse du but recherché. Sous prétexte de protéger la liberté de conscience, on empêche les citoyens d’embrasser les croyances de leur choix, ce qui est le contraire de la laïcité bien comprise » 8.
Mais si l’on veut se faire une idée du caractère de ce rapport de 1995, il faut lire sur Wikipédia l’article mentionné plus haut (cf. note 2) :
L’approche empirique du phénomène dit « sectaire » par des enquêteurs de terrain aurait supposé que le concept de secte soit au départ clairement défini par des juristes ou au moins par des spécialistes de l’histoire des religions. Dès les premières pages, le rapport parlementaire lui-même reconnaissait que « la notion de secte, particulièrement difficile à définir dans le langage courant, est totalement inconnue du droit français. » Sur Wikipédia, l’article « Commissions d’enquête parlementaires sur les sectes en France » explique : « Devant la grande difficulté de définir le concept de secte, la commission a décidé de reprendre les critères observés par les Renseignements généraux, qu’elle considère comme « un faisceau d’indices, dont chacun pourrait prêter à de longues discussions » 2.
Pour les Églises institutionnelles, la définition de la secte est simple : c’est un mouvement qui s’est détaché de l’Église (latin secare : couper 3) afin de suivre (latin sequi : suivre) des croyances et des pratiques jugées déviantes, car souvent sélectionnées et partielles (grec hairesis : choix, d’où hérésie) par rapport aux doctrines officiellement admises et enseignées par l’Église.
Les sociologues, eux, depuis les années 1960-70 ont étudié l’apparition et le foisonnement, dans les pays occidentaux, de très nombreuses mouvances ou communautés nouvelles, religieuses ou spiritualistes, comme un phénomène de société observable avec des méthodes impartiales. Et ils les ont désignées d’une expression qui ne porte aucun jugement de valeur : « nouveaux mouvements religieux ».
En 1996, le compte rendu du Colloque de l’Association française de sociologie religieuse précisait : « Dans la polémique sociale actuelle autour de certains groupes, les sociologues mettent en question le terme « sectes », a priori stigmatisant, et ne veulent s’en tenir qu’à l’expression « Nouveaux Mouvements Religieux 4 ».
Cette appellation entrait aussi en usage dans les milieux politiques dans la mesure où les pouvoirs publics se tenaient au courant des évolutions de la société.
Ainsi, l’année suivante, en mars 1997, ouvrant une séance de travail du Parlement européen sur les dites sectes (W-10), Mme Colombo-Svevo, vice-présidente de la commission des libertés publiques et des affaires intérieures, faisait cette mise au point : « Sur le plan juridique, la « secte » n’existe pas. … Au terme de « secte », je préfère celui de « nouveau mouvement religieux », le terme de secte comportant une connotation péjorative dans nombre de nos pays 5.»
Cela signifie que l’existence de l’individu, une fois libérée de nombreuses sujétions et obédiences, une fois affranchie et épanouie, ne sera pas pour autant égocentrée, égoïste, individualiste : moi, toujours moi ; moi d’abord, le monde et les autres après ; moi, ma santé et mon bonheur…
La vie spirituelle entraîne un élargissement progressif de la conscience : l’individu consent librement et joyeusement à des appartenances de plus en plus larges et libératrices – être en harmonie avec la nature, avec la destinée, avec les autres êtres sur la terre parce qu’ils sont mes frères et sœurs.
Pour le Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov, « le nouveau », l’élément nouveau que la Fraternité blanche universelle souhaite apporter dans cette époque, c’est la conscience du commun, l’amour de la vie collective, l’amour fraternel.
La volonté de modeler le monde par l’amour fraternel pour l’amour fraternel.
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